vendredi 26 février 2010

Haru basho 2010 : shindeshi à la Naruto - SAITÔ Takuya

Fraîchement diplômé du collège Momoyama d'Ube dans la préfecture de Yamaguchi, SAITÔ Takuya (齋藤 拓也) va intégrer la Narutobeya. Afin de pouvoir passer le shindeshi kensa du 6 mars, il quittera la ville pour monter à Tôkyô dès le 28 février. C'est armé d'un caractère formé par le base-ball et naturellement porté à la compétition qu'il s'apprête à entrer dans le monde rigoureux du sumô professionnel.
Agé de 15 ans, SAITÔ Takuya mesure 1,73m (le minimat pour passer le shindesi kensa n°1) et pèse 100kg. Il pratique le base-ball depuis l'école primaire. Benjamin de trois garçons, il a du caractère mais sait aussi être gentil.
SAITÔ Takuya a rencontré Naruto oyakata (ancien yokozuna Takanosato) en novembre dernier dans le restaurant de sushi que dirige sont père. L'oyakata s'y était rendu après une conférence organisée à l'hôtel ANA d'Ube. A l'origine, le garçon pensait aller au lycée et y continuer le base-ball. Il s'est retrouvé devant un choix loin d'être simple.
Par la suite, Naruto oyakata a continué à le solliciter et, plutôt que de continuer à se tourmenter, SAITÔ Takuya est allé se rendre compte à la heya le 14 février. Directement confronté à la rudesse de l'entraînement, sa première impression fut : "Ca a l'air vraiment dur.", mais il se dit aussi : "Ca donne envie de gagner.".
"Je me dis que c'est un peu dur parce qu'il vient juste de sortir du collège, mais c'est sa décision. Je ne sais pas jusqu'où il pourra aller mais j'espère qu'il fera de son mieux." le soutient son père, Takashi, qui déclare ne pas s'inquiéter des scandales qui ont éclaboussé le sumô professionnel.
"Le sumô est le sport national. Je vais faire tout mon possible pour devenir un rikishi digne de confiance en respectant les convenances." s'enthousiasme l'adolescent.
A la Narutobeya, il va côtoyer les rikishi de makuuchi Kisenosato et Wakanosato et retrouver Takeda (19 ans, jonidan), qui a débuté en mars 2007 et est lui aussi originaire de la préfecture de Yamaguchi.

Haru basho 2010 : SUGIMOTO Naomitsu sur le départ

Bon vent au héros
Alors qu'il faisait partie de ceux qui rejoignent le sumô professionnel sans a priori susciter un intérêt particulier, le hasard a porté SUGIMOTO Naomitsu sur le devant de la scène quelques jours avant que ce grand changement n'intervienne dans sa vie.
Aujourd'hui, la réunion d'adieu du héros imprévu a eu lieu à son lycée. Devant environ 340 personnes, il a affirmé sa volonté de se consacrer pleinement aux entraînements. Il était visiblement surpris par un tel enthousiasme, dont témoignaient les banderoles brandies par ses camarades : "Je ne peux qu'être reconnaissant devant autant de soutien. Ca met de la pression aussi mais je veux faire de mon mieux et me donner comme objectif de devenir sekitori.". Le club de sumô de son lycée existe depuis 13 ans et participe régulièrement aux compétitions lycéennes mais il est le premier de ses membres à devenir professionnel.
Dans l'univers du sumô lycéen où les lutteurs de plus de 130 kg ne sont pas rares, avec ses 94 kg, SUGIMOTO Naomitsu n'a guère eu d'occasions de participer à des compétitions nationales. Mais, comme le dit son professeur M. TANAKA, "aux entraînements, le dernier à partir c'est toujours Sugimoto.". Il a donc fait franchir le pas à son élève à l'automne dernier en le faisant participer au Niigata Kokutai. Première compétition nationale, invaincu jusqu'en demi-finale et une quatrième place par équipe avec son lycée. Et puis le rêve de devenir professionnel qui se réalise.
TANIMURA Ryôta, le manager de la Kasuganobeya, a rebondi sur l'acte de bravoure du jeune homme : "En sumô, c'est comme dans un sauvetage, il faut prendre des décisions en un instant. J'espère qu'il fera de son mieux, pour être soutenu par autant de gens qu'aujourd'hui. Nous sommes ravis de voir arriver un shindeshi qui fait parler positivement du sumô.". M. TANIKAWA, responsable de la fédération de sumô de la préfecture de Kyôtô (Kyôtôfu sumô renmei), a placé la barre bien haut : "Il est extrêmement rapide. J'aimerais qu'il ait pour objectif un sumô comme celui d'Asashôryû, où on fait parler sa puissance avant que l'autre n'en ait le temps.". M. TANAKA va dans le sens de cette comparaison : "Au lycée, Asashôryû faisait dans les 80 kg. Après avoir intégré sa heya, il s'est forgé un physique par les entraînements et est devenu daiyokozuna. Sugimoto est encore un petit gabarit, il a une marge de développement.".
Quand les journalistes lui demandent quel genre de rikishi il veut devenir, le jeune homme qui a été honoré par la police, les pompiers et les institutions éducatives départementales répond : "Un rikishi aimable et fort.".

Yomiuri, Kyôto Shimbun

Les riji au travail

Les nouveaux riji se sont réunis mardi dernier et ont notamment décidé de radicaliser l'application de la règle "un étranger par heya". Cette régle existe depuis février 2002 et stipule qu'une heya comptant un rikishi étranger dans ses rangs ne peut en intégrer un autre tant que le premier n'a pas pris sa retraite. Actuellement, sur les 52 heya, 45 ont un étranger parmi leurs rikishi. Jusqu'à maintenant, quand un rikishi obtenait la nationalité japonaise, il libérait la place de l'étranger. Les riji souhaiteraient durcir la règle afin que même après naturalisation, un rikishi étranger reste étranger au regard de la NSK et ne libère plus cette place de l'étranger pour un autre rikishi.
Une telle orientation dépasse le cadre de la NSK puisqu'elle tend à remettre en cause la valeur même de la naturalisation. L'avenir dira ce qu'il adviendra de cette proposition qui fait vraisemblablement partie d'un plan plus large de sauvetage du "sumô japonais" face non seulement à une présence accrue des rikishi étrangers (à son plus haut niveau au dernier tournoi) mais aussi à leur domination flagrante, cause pour certains du désamour des Japonais pour le sport national.
Dans la même veine, et à l'initiative de Takanohana oyakata, les shindeshi du Centre de formation du sumô devront assister en mai prochain au dohyô matsuri du Natsu basho. Takanohana oyakata est le nouveau directeur de l'institut (photo : supervisant l'entraînement juste après sa nomination début février) et a déclaré : "Cela fait partie d'un programme global d'enseignement des traditions.".

Dohyô matsuri : cérémonie rituelle shinto qui a lieu la veille des débuts de tournoi et qui a pour objectif d'invoquer la protection des divinités.
Institut de formation du sumô (sumô kyôshû jo) : Institut fondé en octobre 1957 et dont les locaux se trouvent aux Kokugikan (à l'origine au Kuramae kokugikan et depuis 1985 au Ryôgoku kokugikan). Les shindeshi y passent six mois pendant lesquels ils reçoivent un enseignement sportif et un enseignement théorique (histoire et traditions du sumô, calligraphie, ...). Les shindeshi étrangers y passent un an, notamment pour apprendre le japonais. Les makushita tsukedashi sont dispensés d'une partie des enseignements. Ceux-ci sont assurés par des oyakata et des rikishi de division makushita pour ce qui est de la pratique du sumô et par des spécialistes pour ce qui est des enseignements théoriques. Les sôken, qui précèdent les tournois se déroulant à Tôkyô, ont lieu au dohyô de l'institut.